Blocus du Liban par Israël, 40 civils tués dans des raids au sud du pays
(jeudi 13 juillet 2006)
(Communiqué de l’AFP)
- Israël a bombardé jeudi matin l’aéroport de Beyrouth et mené plusieurs raids aériens contre le sud du Liban, faisant 40 morts parmi la population civile, dont 15 enfants, au lendemain de la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah.
L’événement
Le Hezbollah a riposté par des dizaines de tirs de roquettes sur le nord d’Israël, qui ont fait au moins un tué et 25 blessés.
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux touristes, quittaient le Liban par l’unique voie possible, la route vers la Syrie, après que l’armée israélienne a annoncé un blocus, notamment aérien et maritime, contre le Liban "jusqu'à nouvel ordre dans le cadre des opérations menées pour récupérer ses deux soldats".
L’aéroport international de Beyrouth a été bombardé et fermé au trafic. Plusieurs vols ont été déviés sur Larnaca (Chypre) et Damas après la chute de deux obus à l’aéroport de Beyrouth. Selon le ministre libanais des Transports, Mohamad Safadi, l’aéroport pourrait rouvrir dans 48 heures.
Selon des sources policières et hospitalières libanaises, 40 civils, dont 15 enfants, ont été tués et 29 autres, dont dix enfants, blessés dans le sud du Liban, depuis l’aube jeudi dans les raids aériens israéliens qui ont visé plusieurs villages.
Un religieux chiite, son épouse et ses huit enfants, ont ainsi été tués dans leur maison dans le village de Doueir. À Baflay, dans la région de Tyr, sept membres d’une même famille ont été tués aussi à leur domicile.
Il s'agit de l’opération militaire israélienne la plus importante contre le Liban depuis les "Raisins de la colère", opération qui visait déjà le Hezbollah et avait fait 175 morts, essentiellement des civils, au printemps 1996. L’État hébreu a retiré son armée du sud du Liban en 2000 après 22 ans d’occupation.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, le fief du Hezbollah, le mouvement chiite a indiqué qu'un missile avait touché un immeuble abritant des locaux d’Al-Manar, sa chaîne de télévision, blessant trois de ses employés.
Le Hezbollah a menacé de bombarder la ville israélienne de Haïfa et ses environs si Beyrouth ou sa banlieue sud étaient pris pour cible alors que le chef d’état-major israélien, le général Dan Haloutz, a affirmé que "rien n'était à l’abri" au Liban.
Dans l’est du Liban, des raids ont visé un lieu de prière chiite à Budaï, près de Baalbeck, puis une colline proche, où un relais d’Al-Manar a été détruit et un militant du Hezbollah tué.
En outre, l’armée israélienne a indiqué avoir effectué une quarantaine de raids au Liban durant la nuit, qui ont visé notamment plusieurs ponts au sud de Beyrouth.
La branche armée du Hezbollah a pour sa part annoncé avoir tiré des fusées de longue portée de type "Raad-1" sur une base aérienne israélienne, qui a été "touchée de plein fouet". Selon l’armée israélienne, 20 localités du nord d’Israël ont été touchées par des "missiles" du Hezbollah, dont certaines à 20 km à l’intérieur du territoire israélien.
Les bombardements israéliens ont été déclenchés mercredi après la capture par le Hezbollah libanais de deux soldats israéliens à la frontière. Lors de cette journée, le Hezbollah a affirmé avoir eu un mort dans ses rangs, et Israël a annoncé la mort de huit de ses soldats.
Mercredi soir, le gouvernement israélien a donné son feu vert à une riposte militaire au Liban, qui selon le ministre israélien de la Justice Haïm Ramon, allait payer "le prix fort pour l’acte de guerre que constitue" la capture des deux soldats.
Le ton était donné jeudi par la presse israélienne. "La guerre", "Déclaration de guerre", titraient les deux plus grands journaux, Yedioth Aharonot et Maariv.
"Nous ne permettrons pas au Hezbollah de revenir sur les positions qu'il occupait le long de la frontière", a déclaré le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait annoncé mercredi que les deux soldats ne seraient libérés que par le biais de "négociations indirectes, dans le cadre d’un échange" de prisonniers.
Selon lui, ceci pourrait "ouvrir la porte" au règlement de l’affaire du soldat israélien capturé le 25 juin par un commando palestinien à la lisière de la bande de Gaza, où l’armée israélienne a riposté par une offensive lancée le 27 juin.
Israël a rejeté toute négociation.
En visite en Allemagne, le président américain George W. Bush a affirmé jeudi qu'Israël avait "le droit de se défendre", tout en demandant à l’Etat hébreu de ne pas prendre de mesures qui pourraient mettre en danger le gouvernement libanais. Il a en outre affirmé que la Syrie devra "rendre des comptes" et condamné les "terroristes qui veulent interrompre l’avancée de la paix".
La Commission européenne s'est dite "choquée par l’envergure de la violence des deux côtés" et a appelé les deux parties "à la retenue". La France et la Russie ont condamné les bombardements israéliens.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en garde contre une "guerre régionale" alors qu'une réunion urgente de la Ligue arabe a été convoquée pour samedi au Caire.
Entre-temps, dans la bande de Gaza, l’armée israélienne poursuivait son offensive. L’aviation a bombardé le ministère palestinien des Affaires étrangères, au lendemain d’une journée sanglante où 23 Palestiniens ont été tués. Le bombardement du ministère a fait 10 blessés, tous des enfants, et provoqué d’importants dégâts matériels.
© AFP