Procès de l'ex-PR : Donnedieu de Vabres et Léotard condamnés pour blanchiment
(lundi 16 février 2004)
PARIS (communiqué de The Associated Press)
- L'UMP a évité un deuxième coup dur lundi. Son porte-parole, Renaud Donnedieu de Vabres, a certes été condamné pour blanchiment d'argent par le tribunal correctionnel de Paris, mais n'a écopé que d'une peine de 15.000 euros d'amende dans le cadre du procès du financement occulte de l'ancien Parti républicain.
Aucune peine d'emprisonnement - six mois avec sursis avaient été requis en décembre dernier - ni d'inéligibilité n'ont été prononcées contre le député d'Indre-et-Loire. Il a par ailleurs été relaxé du chef de « complicité de financement illicite d'un parti politique ».
M. Donnedieu de Vabres avait pourtant quitté son poste de ministre délégué aux Affaires européennes du premier gouvernement Raffarin à cause de sa mise en examen. Visiblement soulagé, il a quitté le tribunal par une porte dérobée. Ses avocats n'ont pas souhaité faire de commentaires.
Même silence du côté de François Léotard. L'ancien président du PR, retraité de la vie politique, a été condamné à dix mois de prison avec sursis pour blanchiment d'argent et financement illicite du mouvement qu'il avait présidé.
Le tribunal a estimé que François Léotard « savait » que le dépôt en 1996 de cinq millions de FF au Fondo Sociale di Cooperazione Europea (FSCE), afin que l'établissement consente un prêt du même montant au PR, s'était fait « en fraude de la loi » sur le financement de partis politiques.
Les juges ont en revanche jugé que Renaud Donnedieu de Vabres, qui avait conservé cet argent pendant plusieurs mois dans le coffre-fort de son bureau, pour ensuite le transporter au siège du Fondo, n'avait pas contribué au financement occulte du PR.
En revanche, aux yeux du tribunal, les deux hommes se sont rendus coupables de blanchiment car « l'opération de conversion » des fonds illicites « est parfaitement avérée ».
« C'est sciemment » que Renaud Donnedieu de Vabres « a accepté de transporter les espèces au Fondo » tout en « sachant que ces fonds, qui étaient le produit du délit de financement illicite de son parti politique, faisaient l'objet d'un placement », souligne le jugement.
François Léotard, qui a soutenu tout au long du procès que ces fonds étaient des reliquats de fonds spéciaux, « savait pertinemment que ces espèces dissimulées (...), non comptabilisées et même cachées (...) ne pouvaient être utilisées directement (...) et qu'il fallait nécessairement pour cela passer par des opérations de placement et de conversion ».
Dans le volet principal de l'affaire qui porte sur une vaste escroquerie des clients du Fondo, les anciens dirigeants de cet établissement financier ont écopé de lourdes peines, 76 personnes ayant été escroquées de 120 millions de FF en leur faisant miroiter des placements intéressants au Fondo.
L'homme d'affaires Ahmed « Charly » Chaker, pivot du système, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et 100.000 euros d'amende. L'ancien président du FSCE et ancien adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris, Guy Gennesseaux, a écopé de trois ans avec sursis et 60.000 euros d'amende.
Avec deux autres prévenus, ils doivent par ailleurs rembourser 1,163 million d'euros aux parties civiles.
Trois des douze prévenus ont été relaxés. Parmi eux le lunetier Alain Afflelou. « C'est la fin de cinq ans de calvaire pour moi et mon honneur est lavé dans une bien malheureuse affaire », a-t-il souligné, les larmes aux yeux.
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